Discours de Patrick ARNOULD, secrétaire de l’union locale de Coulommiers à l’enterrement de Émilienne BOULIER à l’âge de 87 ans. Le 16 octobre 2010 à 11 heures cimetière de Faremoutiers (77)
Émilienne BOULIER, une très grande Femme vient de nous quitter. Comme elle le disait souvent avec fierté, « J’ai milité en venant au monde » On retiendra d'Émilienne parmi d’autres souvenirs combien elle était fière sous le regard bienveillant de son père, lui-même militant, d’avoir appris à lire en lisant l’HUMA.
En 1916, son père Italien s’engage dans l’armée Française. Quant-il décède en 1931, Émilienne n’a que 8 ans. L'État, contrairement à ce qui était prévu pour les Français, ne fournissait aucune aide financière à sa famille. Émilienne due vendre l’Huma. C’est en vendant l’HUMA, qu'Émilienne a aidé sa famille à faire face aux dures conditions de cette époque.
Très vite elle se sentit l’âme d’une rebelle.
A l’âge de 12 ans elle quitte l’école et entre à la société générale, à 13 ans. Elle découvre le syndicalisme auprès de « son petit patron »,comme elle disait, un ouvrier qui l’initie aux combats de la CGT. C’était l’époque du Front Populaire. Cette année là, elle a « tout eu » en référence aux conquêtes sociales comme les congés payés et autres acquis de hautes luttes.
Les premières manifestations militantes d'Émilienne étaient celles d’un 1er mai puis ses visites au cimetière du Père Lachaise, occasions de rendre hommage à Jean Batiste Clément, et saluer Jean Valjean, héros de Victor Hugo qu’elle s’imaginait reposant anonymement au cimetière du Père Lachaise.
Nous sommes en 1941 en plein Paris. Elle a alors 18 ans, jeune mariée. Ses employeurs qu’elles appréciaient et pas uniquement parce qu’ils étaient juifs, sont déportés, elle perd son travail. C’est alors qu’elle décide de rejoindre son mari dans la résistance jusqu’au jour ou il est fait prisonnier et déporté dans un camp de travail. Dès lors, elle entre dans la clandestinité et ne rentre plus chez elle.
Pendant que les Nazi et les soldats allemands veillent, attrapent torturent et fusillent tout résistant, Émilienne fait ses premières actions. C’est avec le landau de son premier né, Jean Claude qu’elle conduit ses actions. Son cœur bat la chamade, des mots résonnent en elle : « ne pas prendre le même chemin… ne pas prendre le même chemin… » Car sous le matelas de son bébé, des lettres, des consignes de résistants et quelques fois des armes qu’elle ramènera à bon port. Elle ne devait surtout pas prendre le même chemin, elle savait ce qu’elle risquerait.
Après de longs mois passés dans la résistance vint la fin de la guerre puis la naissance de 3 autres enfants.
Émilienne, syndiquée à la CGT depuis 1936 et adhérente au Parti Communiste Français participe :
- au mouvements de mai 1968 dans la lutte pour le droit de vote des femmes, le droit à l’avortement…
- à des manifestations pacifistes, prenant toute sa place dans les combats que menaient les peuples d’Indochine, des pays du Maghreb, d’Afrique, en lutte pour leur indépendance. -- Bien évidemment, aux mouvements de mai 1968 et pour l’accession de la gauche au pouvoir.
- Puis elle intègre le secours populaire, elle y militera une grande partie de sa vie.
Émilienne à qui la liberté et l’honneur de notre pays doivent beaucoup. Figure majeure de la résistance, elle a connu et côtoyé des noms tels que Jacques DUCLOS responsable du Parti Communiste Français au côté de Maurice Thorez, Jean Pierre Timbaud, Guy Moquet. Ainsi que les secrétaires généraux de la CGT : Benoit Frachon, Georges Séguy, Henri Krasuki, Louis Viannet et dernièrement Bernard Thibault.
Femme de courage, de liberté, d’engagement et d’espoir, elle a consacré sa vie à refuser la fatalité de l’oppression puis à transmettre inlassablement, avec une très grande intelligence, une infinie simplicité et l’œil malicieux aux jeunes générations le souffle de la résistance, sa soif de justice, de liberté, d’égalité et de fraternité.
Femme de gauche, militante au Parti Communiste Français, toute sa vie elle a partagé, aux côtés de son époux, et au sein de la CGT les combats pour le progrès humain, pour le droit des femmes, pour une culture de paix et de non-violence, pour la liberté des peuples. Elle demeurera pour tous ceux qui l’on côtoyé un formidable exemple d’humanisme et d’enthousiasme.
En reconnaissance de cette femme admirable, de ses combats et de son attention permanente à entretenir la flamme de la mémoire et les valeurs de la résistance, l’Union Locale CGT de Coulommiers en avait fait un exemple. Nous avons eu l’honneur et le plaisir de rencontrer Émilienne BOULIER. Nous gardons de nos échanges un souvenir très fort, une très grande émotion devant la vivacité d’esprit, la clairvoyance et le sens de l’engagement qui ne l’ont jamais quittée.
A l’automne de sa vie, Émilienne affirmait qu’elle n’était pas « pressée de partir ! » « Il y a tellement de choses à faire encore » disait-elle. Malheureusement, la maladie l’ a emporté.
Je veux, au lendemain de sa disparition, dire combien elle aurait aimé être avec nous dans les luttes contre la réforme des retraites de Sarkozy et son gouvernement.
Avec toutes celles et ceux qui ont le sentiment d’avoir perdu un être cher, et aux noms des camarades de l’union locale CGT de Coulommiers ainsi que ceux du Parti Communiste, je veux saluer sa mémoire et dire combien nous sommes attristés. Nous adressons à sa famille, à ses enfants, nos condoléances les plus sincères.
Émilienne BOULIER, une très grande Femme vient de nous quitter. Comme elle le disait souvent avec fierté, « J’ai milité en venant au monde » On retiendra d'Émilienne parmi d’autres souvenirs combien elle était fière sous le regard bienveillant de son père, lui-même militant, d’avoir appris à lire en lisant l’HUMA.
En 1916, son père Italien s’engage dans l’armée Française. Quant-il décède en 1931, Émilienne n’a que 8 ans. L'État, contrairement à ce qui était prévu pour les Français, ne fournissait aucune aide financière à sa famille. Émilienne due vendre l’Huma. C’est en vendant l’HUMA, qu'Émilienne a aidé sa famille à faire face aux dures conditions de cette époque.
Très vite elle se sentit l’âme d’une rebelle.
A l’âge de 12 ans elle quitte l’école et entre à la société générale, à 13 ans. Elle découvre le syndicalisme auprès de « son petit patron »,comme elle disait, un ouvrier qui l’initie aux combats de la CGT. C’était l’époque du Front Populaire. Cette année là, elle a « tout eu » en référence aux conquêtes sociales comme les congés payés et autres acquis de hautes luttes.
Les premières manifestations militantes d'Émilienne étaient celles d’un 1er mai puis ses visites au cimetière du Père Lachaise, occasions de rendre hommage à Jean Batiste Clément, et saluer Jean Valjean, héros de Victor Hugo qu’elle s’imaginait reposant anonymement au cimetière du Père Lachaise.
Nous sommes en 1941 en plein Paris. Elle a alors 18 ans, jeune mariée. Ses employeurs qu’elles appréciaient et pas uniquement parce qu’ils étaient juifs, sont déportés, elle perd son travail. C’est alors qu’elle décide de rejoindre son mari dans la résistance jusqu’au jour ou il est fait prisonnier et déporté dans un camp de travail. Dès lors, elle entre dans la clandestinité et ne rentre plus chez elle.
Pendant que les Nazi et les soldats allemands veillent, attrapent torturent et fusillent tout résistant, Émilienne fait ses premières actions. C’est avec le landau de son premier né, Jean Claude qu’elle conduit ses actions. Son cœur bat la chamade, des mots résonnent en elle : « ne pas prendre le même chemin… ne pas prendre le même chemin… » Car sous le matelas de son bébé, des lettres, des consignes de résistants et quelques fois des armes qu’elle ramènera à bon port. Elle ne devait surtout pas prendre le même chemin, elle savait ce qu’elle risquerait.
Après de longs mois passés dans la résistance vint la fin de la guerre puis la naissance de 3 autres enfants.
Émilienne, syndiquée à la CGT depuis 1936 et adhérente au Parti Communiste Français participe :
- au mouvements de mai 1968 dans la lutte pour le droit de vote des femmes, le droit à l’avortement…
- à des manifestations pacifistes, prenant toute sa place dans les combats que menaient les peuples d’Indochine, des pays du Maghreb, d’Afrique, en lutte pour leur indépendance. -- Bien évidemment, aux mouvements de mai 1968 et pour l’accession de la gauche au pouvoir.
- Puis elle intègre le secours populaire, elle y militera une grande partie de sa vie.
Émilienne à qui la liberté et l’honneur de notre pays doivent beaucoup. Figure majeure de la résistance, elle a connu et côtoyé des noms tels que Jacques DUCLOS responsable du Parti Communiste Français au côté de Maurice Thorez, Jean Pierre Timbaud, Guy Moquet. Ainsi que les secrétaires généraux de la CGT : Benoit Frachon, Georges Séguy, Henri Krasuki, Louis Viannet et dernièrement Bernard Thibault.
Femme de courage, de liberté, d’engagement et d’espoir, elle a consacré sa vie à refuser la fatalité de l’oppression puis à transmettre inlassablement, avec une très grande intelligence, une infinie simplicité et l’œil malicieux aux jeunes générations le souffle de la résistance, sa soif de justice, de liberté, d’égalité et de fraternité.
Femme de gauche, militante au Parti Communiste Français, toute sa vie elle a partagé, aux côtés de son époux, et au sein de la CGT les combats pour le progrès humain, pour le droit des femmes, pour une culture de paix et de non-violence, pour la liberté des peuples. Elle demeurera pour tous ceux qui l’on côtoyé un formidable exemple d’humanisme et d’enthousiasme.
En reconnaissance de cette femme admirable, de ses combats et de son attention permanente à entretenir la flamme de la mémoire et les valeurs de la résistance, l’Union Locale CGT de Coulommiers en avait fait un exemple. Nous avons eu l’honneur et le plaisir de rencontrer Émilienne BOULIER. Nous gardons de nos échanges un souvenir très fort, une très grande émotion devant la vivacité d’esprit, la clairvoyance et le sens de l’engagement qui ne l’ont jamais quittée.
A l’automne de sa vie, Émilienne affirmait qu’elle n’était pas « pressée de partir ! » « Il y a tellement de choses à faire encore » disait-elle. Malheureusement, la maladie l’ a emporté.
Je veux, au lendemain de sa disparition, dire combien elle aurait aimé être avec nous dans les luttes contre la réforme des retraites de Sarkozy et son gouvernement.
Avec toutes celles et ceux qui ont le sentiment d’avoir perdu un être cher, et aux noms des camarades de l’union locale CGT de Coulommiers ainsi que ceux du Parti Communiste, je veux saluer sa mémoire et dire combien nous sommes attristés. Nous adressons à sa famille, à ses enfants, nos condoléances les plus sincères.