Montreuil, samedi 14 novembre 2015 , par
Alessandro Vitagliano
Communiqué
de la CGT
La
CGT
est profondément choquée et indignée par les attentats criminels
qui ont été perpétrés la nuit dernière à Paris.
Toute
la
CGT tient à témoigner de son soutien et
de sa solidarité à l’ensemble des familles touchées par cette
tragédie.
Elle
salue la mobilisation extraordinaire de l’ensemble des agents des
services et entreprises publics, qui montrent en chaque circonstance,
leur engagement au service des populations.
Les
militants et les syndiqués de la
CGT continueront plus que jamais à défendre
au quotidien les valeurs de solidarité, de paix et de fraternité,
valeurs essentielles de la démocratie et de notre république.
Alors
que notre société vit une crise économique et sociale terrible,
ces fondamentaux doivent être réaffirmés plus que jamais. Face à
ces actes criminels sans précédent, toutes tentatives d’opposition
de salariés ou de citoyens doivent être condamnées.
Le
gouvernement vient de prendre des mesures d’urgences en matière de
sécurité. La
CGT réaffirme son attachement aux libertés
individuelles et collectives. Au-delà de ces heures d’émotion et
de recueillement, d’autres mesures, tant au niveau national
qu’international, seront à mettre en œuvre rapidement pour
retrouver ces valeurs de la République et conquérir une paix
durable partout dans le monde.
Le
mouvement syndical français et mondial doit s’unir dans cette
période. Les messages de condamnation et de soutien arrivés de
nombreux pays du monde, montrent que c’est possible et
indispensable.
Déclaration de la CGT Paris:
l’heure n’est pas à la démobilisation sociale au nom d’une « unité nationale », bien au contraire
Les violents attentats du 13 novembre 2015 ont ensanglanté Paris et Saint-Denis. Au moins 127 morts sont à déplorer et des centaines de personnes ont été blessées. Nous sommes horrifiés.
Nous rendons hommage à ces centaines de victimes innocentes et apportons à leur famille et à leurs proches notre pleine solidarité. L’union départementale CGT de Paris prend part au deuil.
Nous pensons également à celles et ceux qui, sans être blessés physiquement, ont été marqués, traumatisés, par ces violences inouïes.
Nous saluons les forces de l’ordre et tous les agents des services publics de sécurité et de santé qui sont intervenus dans cette sombre nuit parisienne pour protéger, secourir et soigner les habitants, les travailleurs, les promeneurs, les visiteurs, les supporteurs.
Les six lieux qui ont été visés sont tous des endroits de loisir, de fête, de sport, de culture : nous ne pouvons y voir que la marque du fanatisme le plus obscurantiste qui soit.
Ce terrible 13 novembre ne doit pas être l’occasion de restreindre les libertés publiques : nous sommes préoccupés par l’instauration de l’état d’urgence et les éventuelles conséquences pour la les salarié-es et citoyens en France. Il serait paradoxal que les manifestations syndicales des pro-chains jours ne puissent pas se tenir alors qu’elles ont pour thèmes centraux les libertés, le droit, et la lutte contre les violences patronales, les violences faites aux migrants et les violences faites aux femmes.
Avec la loi « renseignement », nous constatons depuis quelques mois l’extension de la surveillance de beaucoup de gens, dont les journalistes et les syndicalistes. Nous constatons que cette surveillance est passée à côté des vraies menaces, essentiellement celle du terrorisme. Nous considérons que pour assurer la vie des citoyens du pays, une réorientation politique est nécessaire ! Une politique qui rejette le terrorisme de Daesh, mais qui arrête également d’alimenter toutes sortes d’amalgames de nature raciste et la xénophobe, qui d’ailleurs prospèrent sur des terrains marqués par le chômage et l’exclusion sociale. Une politique qui mette fin aux coupes budgétaires dans la culture, l’éducation, la prévention, les services publics, la santé…
Nous appelons la communauté internationale à surmonter les intérêts particuliers des Etats, à écarter les intérêts des sociétés multinationales, et au contraire à mobiliser le droit international dans le cadre de l’ONU pour lutter efficacement contre le terrorisme. Pour comprendre le terrorisme, nous ne pouvons nous satisfaire d’un instantané. Il faut analyser la séquence ouverte il y a un quart de siècle. Les enjeux géopolitiques, l’impérialisme, les intérêts économiques liés notamment à l’énergie, le marché de l’armement, portent une lourde responsabilité dans les conflits armés du proche et du moyen orient.
La CGT Paris se bat pour la paix dans le monde. La paix n’est pas seulement l’absence de guerre mais un principe positif des rapports humains fondés sur la libre coopération de tous pour le bien commun. La prévention des conflits, la lutte contre le terrorisme, le maintien de la paix sont indis-sociables du développement économique, social de tous, de la justice, de l’égalité, de la démocratie.
Nous appelons les travailleurs de la capitale à développer entre eux les liens solidaires, non seulement pour être rassemblés dans ce moment tragique, mais aussi pour concourir à en finir avec les racines de cette violente société en crise. L’heure n’est donc pas à la démobilisation sociale au nom d’une « unité nationale », bien au contraire.
Paris, le 14 novembre 2015 Le secrétariat de l’UD CGT Paris
Ce que veut dire la déclaration d’« état d’urgence » en France
Dans sa première déclaration après les premières attaques à Paris, vendredi 13 novembre, François Hollande a annoncé la mise en place de l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire.
Instauré par la loi du 3 avril 1955, révisée par la loi de renseignement de mars 2015 :
« L’état d’urgence peut être déclaré sur tout ou partie du territoire métropolitain ou des départements d’outre-mer, soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique. »
L’état d’urgence est déclaré par décret en conseil des ministres et ne peut être prolongé au-delà de douze jours que par la loi.
La déclaration de l’état d’urgence donne pouvoir aux préfets de département :
Interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans les lieux et aux heures fixés par arrêté ;
Instituer, par arrêté, des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé ;
Interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l’action des pouvoirs publics.
Le ministre de l’intérieur, pour l’ensemble du territoire, et le préfet, dans le département, peuvent :
Ordonner la fermeture provisoire des salles de spectacles, débits de boissons et lieux de réunion de toute nature ;
Interdire à titre général ou particulier les réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre.
Le décret déclarant ou la loi prorogeant l’état d’urgence peuvent :
Conférer aux autorités administratives le pouvoir d’ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit ;
Habiliter les mêmes autorités à prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ainsi que celui des émissions radiophoniques, des projections cinématographiques et des représentations théâtrales.
Les précédentes déclarations d’état d’urgence
Appliqué en Algérie après la promulgation de cette loi, l’état d’urgence a été prorogé par la loi du 7 août 1955 pour six autres mois. Il n’avait été appliqué en métropole qu’à trois reprises jusqu’à présent : après le retour au pouvoir du général de Gaulle, suite aux évènements du 13 mai 1958, pour faire face à un éventuel coup de force ; en 1961, après le « putsch des généraux » ; et en novembre 2005, deux semaines après le début des émeutes urbaines.
Le gouvernement de Laurent Fabius a décrété l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie en décembre 1984. Une loi a conféré au haut-commissaire de la République de ce territoire, jusqu’au 30 juin 1985, les pouvoirs dont dispose le préfet en France métropolitaine.