Pour l'heure, l'avalanche de plans
sociaux dénoncés par la CGT et le gouvernement ne se traduit pas
dans les chiffres du chômage. Le nombre d'inscriptions à Pôle
emploi après un licenciement économique n'a pas explosé en juin.
Il n'a progressé que de 0,7% sur un mois et de 7,1% sur un an, à
13.600. Cela représente 12 fois moins de personnes que les
inscriptions après une fin de CDD ou de mission d'intérim.
Autre indicateur qui tend à démontrer
que le pire, en matière de licenciement économique, n'est pas
derrière nous: le nombre d'inscrits en catégorie D (chômeurs non
tenus de rechercher un emploi en raison d'un stage, d'une formation…)
a diminué de 2,3% sur un mois et n'augmente que de 1,8% sur un an.
Or c'est dans cette catégorie peu connue que sont inscrits les
salariés qui bénéficient d'un contrat de sécurisation
professionnelle (CSP).
Ce dispositif garantit pendant un an
aux licenciés économiques d'entreprises de moins de 1000 salariés
un accompagnement renforcé par rapport à un chômeur classique et
une indemnisation équivalente à 80% du dernier salaire brut (soit
100% du net). Au dernier pointage, 87.000 chômeurs sont en cours de
CSP, soit 30% de moins que le record atteint en avril 2010.
Il n'empêche, la tendance globale
reste mauvaise. Fin juin, 23.700 personnes sont venues gonfler la
liste des chômeurs en catégorie A (sans aucun emploi). Cette 14e
hausse consécutive porte à près de 2,95 millions le nombre
d'inscrits en France métropolitaine. Un niveau non atteint depuis
août 1999. Sur un an, la progression est de 7,8%.
Presque trois millions
d'inscrits en catégorie A
Pis, le nombre de chômeurs recensés dans les catégories A, B et C (incluant les demandeurs d'emploi en activité réduite) a bondi de 48.400 le mois dernier. Soit la 17e hausse d'affilée dans ces trois catégories, qui recensent 88% des inscrits à Pôle emploi. Et surtout la plus forte progression enregistrée depuis septembre 2009, au plus fort de la crise.
Pour la première fois en trois mois, le gouvernement n'accable pas dans son communiqué «l'héritage Sarkozy» pour expliquer ces progressions - il ne l'explique pas du tout. Michel Sapin appelle cependant à «une vigilance accrue» et confirme «la nécessité des renforts de moyens pour Pôle emploi dans les prochaines semaines». Le ministre du Travail promet que «la mobilisation du gouvernement est entière tant pour répondre à l'urgence sociale que pour mettre en œuvre, dans les mois à venir, la feuille de route sociale», tirée de la grande conférence de début juillet.
D'ici là, la barre des 3 millions de
chômeurs en catégorie A aura été dépassée en métropole: dès
fin septembre, au rythme actuel. Ce qui ramènerait la France treize
ans en arrière…
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Pas d'amélioration en vue pour
l'industrie
La demande adressée à l'industrie s'est fortement contractée au second semestre, a annoncé mardi l'Insee. La perspective pour le troisième semestre est également mal orientée, la demande liée aux soldes étant inférieure à la moyenne sur une longue période. Les chefs d'entreprise interrogés ont indiqué une baisse des effectifs au deuxième trimestre qui pourrait se poursuivre. Concernant la compétitivité, les entrepreneurs estiment qu'elle s'est améliorée sur le marché national et européen mais qu'elle est en baisse pour le marché mondial. Les perspectives d'exportation se sont très fortement repliées et sont désormais nettement inférieures à leur niveau de long terme