C’est
peu dire que la démocratie sociale est gravement malade – si
gravement qu’on peine à imaginer que son état puisse encore
empirer. Et pourtant si ! Aussi anémiée soit-elle, elle risque
d’affronter un plus grave danger encore. Pas seulement à cause de
la suppression des élections prud’homales, qui est envisagée par
le gouvernement, c’est-à-dire la suppression du dernier scrutin
national au terme duquel les salariés peuvent voter en faveur du
syndicat de leur choix. Mais aussi parce que ce projet est sous-tendu
par une philosophie qui n’est pas explicite mais qui est hautement
dangereuse, au terme de laquelle l’entreprise est le seul lieu
légitime de la vie sociale. En clair, derrière la probable
suppression de ces élections sociales, déjà passablement
inquiétante à elle seule, se cache un projet réactionnaire de bien
plus vaste ampleur, visant à achever la déréglementation sociale
et accentuer l’émiettement du monde du travail.
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