Par Bernard Dupin,
administrateur CGT du groupe La Poste.
Un
nouveau drame vient de se dérouler au sein même de La Poste de La
Fère dans l’Aisne où un postier âgé de 55 ans a mis fin à ses
jours en allant se pendre dans son bureau le mercredi 31 octobre
après midi. Il est intolérable qu’un agent, quel que soit son
grade, sa catégorie ou son service n’ait d’autres recours pour
se faire entendre que d’attenter à ses jours.
Combien de drames
faudra-t-il encore supporter pour que le processus destructeur qui
génère un épuisement physique et psychique des postiers soit enfin
stoppé.
Il y a aujourd’hui
plus qu’une situation d’urgence à prendre en compte à La Poste
et qui nécessite des mesures concrètes alors que les postiers sont
confrontés à des discours de bonnes intentions de la part des
dirigeants de La Poste ou a un mutisme complet du ministère de
tutelle qui est pourtant le premier actionnaire du Groupe.
La
Direction de La Poste et les
deux actionnaires que sont l’Etat et la Caisse des dépôts et
Consignations doivent
prendre toutes leurs responsabilités au niveau social et humain en
changeant de politique et de mise en œuvre de leur stratégie.
Si l’on recherche
l’imputabilité des suicides ou à déterminer des responsabilités,
il parait évident que le système économique et la stratégie
politique poursuivie maintenant depuis des années au sein de ce
grand Groupe public est responsable de cette situation dramatique.
la
CGT, mettant notamment en cause "une politique basée sur les
suppressions d'emplois, la vente du patrimoine, la baisse des
charges" et "la recherche de la productivité à tout
prix". « Les différentes responsabilités se situent dans la
stratégie qui est développée depuis des années, à savoir non
plus d’aller vers un service public qui puisse répondre aux
besoins de la population, mais vers un service marchand. C’est-à-dire
qu’on recherche, un management agressif ou la course aux
dividendes, a trouvé ses limites dramatiques, la rentabilité. Et
pour ce faire, on détruit des emplois. Si on continue comme ça, il
n’y a aucune raison pour que ces cas malheureux de suicides
s’arrêtent ».
(au
nom de l'argent on peut tuer)
Il est temps désormais
de considérer que La Poste n’est pas un service marchand, mais un
service public qui doit répondre aux besoins de la population.
Il devient urgent et
possible de faire des choix qui permettent aux salariés de
s’épanouir au travail tout en lui donnant du sens et en préservant
l’équilibre vie professionnelle/vie privée.
Pour
sa part, la
CGT joue son
rôle et fera tout pour que les salariés de La Poste sortent de leur
isolement et trouvent dans l’action collective une issue porteuse
d’espoir et de perspectives.