Lundi
13 octobre, plusieurs militants de l’URE-CGTR ont assisté à la
conférence de Gérard Filoche, ancien inspecteur du travail, sur la
« souffrance au travail ». Celle-ci a eu du succès puisque
l’amphithéâtre Geneveaux de la fac de Saint Denis était plein.
Filoche
a tenu à remettre de suite « les pendules à l’heure » sur un
certain nombre de points. Non la classe ouvrière n’a pas disparu.
Au contraire, ces dernières décennies, elle n’a cessé de se
développer. Au lendemain de la dernière guerre mondiale, les
salariés représentaient 55% de la population active. Aujourd’hui
ils en représentent 93 % ! Les patrons ne donnent pas de travail aux
salariés, ce sont ces derniers qui vendent leur force de travail aux
patrons qui l’achètent au prix le plus bas possible.
La
force de travail des salariés n’est pas un coût ou une charge
pour les patrons, elle est la seule à créer de la richesse. Le
contrat de travail symbolise le lien de subordination du salarié
vis-à-vis de son patron. Le salarié n’est pas libre. Le patron a
par contre tous les pouvoirs : déterminer le salaire, le temps de
travail, l’embauche ou le licenciement.
Parler
de « collaborateurs » au sujet des salariés est donc un abus de
langage destiné à camoufler l’inégalité de droits entre le
patron et le salarié. Le patron peut licencier son « collaborateur
» salarié sous n’importe quel prétexte, le salarié n’a aucun
pouvoir de le faire si son patron ne respecte pas le droit du travail
ou est convaincu de détourner l’argent de l’entreprise par
exemple.
Filoche
a aussi rappelé quelques chiffres révélateurs de la souffrance au
travail dans les entreprises françaises. Ainsi chaque année, 650
salariés y trouvent la mort, 700 y sont accidentés, 4500 s’y
retrouvent handicapés, 650 000 doivent s’arrêter en maladie pour
cause de mauvaises conditions de travail.
Il
a aussi dénoncé l’offensive patronale contre le Code du Travail
sous prétexte que celui-ci empêcherait les patrons d’embaucher.
S’il n’y a pas plus d’embauche, c’est parce que les patrons,
visant le maximum de profits, réduisent au minimum les effectifs de
leurs entreprises, abusent des heures supplémentaires qu’ils ne
paient souvent pas (une sur deux en moyenne !). S’ils veulent
détricoter le Code du Travail, ce qu’ils ont commencé à faire
entre 2004 et 2008 avec la loi de modernisation de l’emploi de
Sarkozy ou avec l’ANI de Hollande, c’est pour avoir encore plus
les coudées franches pour exploiter les travailleurs, pas pour créer
de l’emploi.
Il
s’est aussi insurgé contre l’idée que les 35 heures étaient
une entrave au redémarrage de l’économie. En 70 ans, le temps de
travail a diminué de moitié, or pendant le même laps de temps, la
production a fortement augmenté, le pays s’est enrichi, la
mortalité a diminué. Il a aussi dénoncé les propos des dirigeants
patronaux, affirmant que la précarité est naturelle.
Depuis ses débuts, l’humanité n’a eu de cesse de lutter contre
la précarité… de la cueillette en inventant l’agriculture,
contre la précarité de la chasse en inventant l’élevage, contre
la précarité de la santé en inventant la Sécurité sociale. Ceux
qui veulent nous imposer des conditions d’existence plus précaires
veulent nous faire revenir plusieurs siècles en arrière.
Et
les travailleurs et leurs organisations doivent s’y opposer de
toutes leurs forces en défendant, au contraire, un programme et des
mesures qui correspondent à leurs besoins : augmentation des
salaires et des retraites, maintien des acquis sociaux, interdiction
des licenciements, partage du travail entre tous, diminution du temps
de travail. Cela fait partie du combat que mène la CGTR !