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15 décembre 2010
1 mois pour répondre hors-sujet
Rappel : nous avions adressé à notre député M. RIESTER, une lettre ouverte le 26 octobre concernant son positionnement dans la "réforme" des retraites. Nous lui posions des questions précises sur ses initiatives, au niveau local, pour informer, discuter avec les concitoyens et recueillir leurs doléances afin d'élaborer, in fine, la position du député à l'Assemblée Nationale.
Franck RIESTER nous répond le 26 novembre par un long courrier ( voir ci-dessous); pourtant, sur ces 3 pages, nous nous étonnons de ne trouver que 3 lignes qui répondent réellement à nos demandes. Les voici : " Concernant ma circonscription, je regrette que vous n'ayez pu, ou peut-être voulu, participé à la réunion publique d'information que j'avais organisé(e) à Crécy-la-Chapelle avec le sénateur-maire Michel HOUEL, le 11 juin dernier." Dans le reste de la lettre, M. RIESTER fait un magnifique hors-sujet.
Soit ce hors-sujet est involontaire, ce qui est tout à fait inquiétant et nous interroge sur la compétence de notre représentant: comment en effet un homme qui a mis 1 mois à répondre "à côté de la plaque" sur de simples questions d'emploi du temps personnels, comment cet homme a-t-il pu se déterminer au nom de sa circonscription sur le dossier complexe des retraites à partir d'une unique réunion, c'est à dire en 2 ou 3 heures?
Soit ce hors-sujet est volontaire, ce qui ne nous rassure pas davantage : par le procédé rhétorique bien connu de l'écran de fumée, M. RIESTER cache les enjeux réels soulevés par notre courrier. Ses explications sur la concertation menée par le gouvernement, sur la réforme du régime des parlementaires, et pour résumer l'argumentaire UMP comme déroulé à vide: tout cela ne se rapporte que de loin à nos questions précises sur son action personnelle, et pour tout dire évite d'y répondre. Si l'on disperse ces volumineux fumigènes, il ne reste que cet aveu : " Je n'ai organisé qu'une seule réunion sur les retraites. Et pour toutes les autres questions ( qui j'ai consulté, comment je me suis déterminé...), je vous répondrai pas !". Cette absence de véritables réponses est lourde de sens.
Franck RIESTER manipulé par un quarteron de Créçois ? ou comment notre député a élaboré sa position sur la "réforme".
Donc M. RIESTER s'est déterminé par rapport à sa circonscription à la suite d'une unique réunion à Crécy où, nous l'imaginons, notre député a écouté les doléances d'une centaine de citoyens vigilants pour s'en faire ensuite démocratiquement le porte-parole - ce d'autant plus que, n'ayant pas reçu mandat en 2 007 sur la question des retraites, il avait besoin de repasser devant le peuple pour légitimer sa parole publique. Puis, mystérieusement, il arrête les réunions publiques. Ce qui ne laisse pas de surprendre : on nous a suffisamment répété que, même à 2 ou 3 millions de manifestants, ce n'était pas "la rue" qui gouvernait , nous ne voulons pas croire, sur notre circonscription, que notre député se fait dicter ses positions par un groupuscule créçois, nous ne voulons pas croire que dans notre circonscription, c'est la salle des fêtes de Crécy qui décide.
Ou alors supposons que M. RIESTER n'est pas manipulé ( en tout cas, pas par nos machiavéliques créçois!) , et qu'il a organisé sciemment cette fameuse réunion dans un but purement symbolique : s'il ne fait pas de réunion publique, notre député peut apparaître comme un homme politique qui se prononce seul, ou qui suit les ordres de son camp ( surtout qu'il participera à un meeting UMP sur les retraites à Coulommiers en septembre, comme l'indique son blog) sans consulter la base. Avec une réunion publique - autant que d'inaugurations de lavoir à Saints!, il peut croire que cette opération de com' sera l'arbre qui cache le désert de concertation qui se trouve derrière. Le carton d'invitation ( avec demande de confirmation) que nous trouvons sur son blog nous laisse penser que l'auditoire présent à cette réunion "publique" devait surtout se recruter chez des sympathisants du député et du sénateur venus écouter la bonne parole, à la manière de ce que nous propose notre Président lors de ses visites très encadrées "sur le terrain", plutôt que chez des citoyens ordinaires. A cette réunion publique sur invitation, la CGT ne s'est pas rendue: elle n'était, sauf erreur, pas invitée ! "je regrette que vous n'ayez pu, ou peut-être voulu, participé à [cette] réunion publique", écrit Franck RIESTER ; ce "peut-être" nous a beaucoup amusés !
En conclusion, si nous apprécions le souci de M.RIESTER de nous répondre, sa lettre ne peut nous convaincre, parce qu'il ne nous répond pas point pas point, mais au contraire ressort de manière automatique les arguments et les éléments de langage que ceux de son camp ont fait subir aux Français des mois durant, comme si cette répétition pouvait à force de matraquage emporter notre adhésion. Cette lettre montre un décalage complet avec les citoyens, un enfermement sur soi et les siens, et, au fond, un discours sans dialogue. Tel Hermès, M. RIESTER se fait le messager des dieux auprès des hommes, mais pas le porte-parole du citoyen ordinaire vis à vis du pouvoir.
D'ailleurs, pour mieux masquer son absence de concertation, notre député met en avant la volonté de "dialogue social" du gouvernement, comme si les fonctions d'un gouvernement et d'un député pouvaient se confondre. Les négociations au niveau national ne le privaient pas d'un dialogue au niveau local, sauf à croire que le pouvoir législatif n'est que le commis d'office du pouvoir exécutif. Dans l'esprit républicain, le député est au contraire celui qui contrôle l'action du gouvernement. Dans la lettre de M. RIESTER, nous percevons une vision de la démocratie qui n'est pas la nôtre, et qui pour tout dire a des relents aristocratiques.
Enfin, Franck RIESTER vante la longueur des débats parlementaires sur les retraites comme un gage de démocratie ( "les plus longs de la Vème République", se félicite-il): paradoxalement , il indique que lui-même et son camp politique ont pris une part mineure dans ces débats. Le mérite de ce long dialogue démocratique en reviendrait donc à l'opposition qui, et c'est encore plus paradoxal, n'a obtenu aucune véritable avancée au terme de ces 210 heures d'échanges ! Soit notre député se félicite d'un débat ...sans résultat, ce qui ne manque pas d'étonner de la part d'un représentant d'une droite qui se veut pragmatique. Soit il fait mine d'avoir organisé une discussion qu'il n'a fait que subir, en affichant la mansuétude de l'homme de pouvoir qui laisse aux hommes ordinaires la liberté de s'exprimer, et se laisse à lui-même le droit de ne pas les écouter.
Pour nous, la question n'est donc pas tranchée : qui a influencé le positionnement officiel du député RIESTER dans ce débat sur les retraites ? Nous aurions aimé lire au travers de sa réponse : les citoyens.
Pourtant, une fois dissipés ses écrans de fumée, la réponse apparaît clairement: ces citoyens ont été oubliés.
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