Union Locale des Syndicats CGT
de Coulommiers et sa région
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Monsieur Franck Riester
Député-maire de Coulommiers
Mairie de Coulommiers
Coulommiers le 26 octobre 2010
LETTRE OUVERTE
Objet : Réforme des retraites
Monsieur le Député,
Par ce courrier, je veux évoquer les conséquences et la gravité de votre vote concernant les retraites pour les Columériens, Columériennes, et les populations environnantes. J'estime que la contestation que je vous oppose m'oblige à quelques propositions, tout comme elle vous oblige, en tant qu'élu du peuple, à examiner sans mépris ces propositions et à y répondre.
L’allongement de l’âge de départ à la retraite ne rendra pas le financement des retraites plus "sûr" tant qu’aucune solution ne sera trouvée aux problèmes structurels du marché du travail : telle que se présente le projet de loi, le recul de l’âge de la retraite ne signifie rien d’autre qu’une diminution pure et simple du niveau des pensions. En effet, seule une partie des salariés parviendra à travailler effectivement jusqu’à l’âge de la retraite-beaucoup cesseront avant pour raison de santé ou parce qu’ils auront perdu leur emploi, les seniors n'ayant de toutes façons que peu de chance de retrouver une activité sur le marché du travail après un licenciement. L’allongement de l’âge du départ à la retraite est donc socialement injuste, en particulier pour les femmes et les ouvriers, pour les métiers les plus pénibles, et conduira à la privatisation des systèmes de sécurité sociale, car comment maintenir une retraite décente , sinon en faisant appel à l'épargne privée pour pallier le régime général ?
J’ai relevé, comme beaucoup de citoyens, que les députés ont rejeté un amendement proposant d’inclure dans la réforme globale le système dont ils relèvent , leur assurant une retraite pleine et entière au bout de 22 ans de mandat, un dispositif dont beaucoup de salariés subissant le chômage et la précarité voudraient bien bénéficier. Je note de ce point de vue que, si l’on peut comprendre que face aux aléas électoraux les représentants élus à l’Assemblée et au Sénat aient élaborés eux-mêmes un système pour se protéger, pourquoi ne pas retenir les mêmes critères pour protéger les salariés soumis à la concurrence et au diktat des marchés financiers ? Comme pourrait dire Mme PARISOT, si la vie politique est précaire, la vie professionnelle n'est-elle pas précaire aussi ? Et ne mérite-elle pas les mêmes protections ?
Reculer l’âge de la retraite, diminuer les pensions, prendre sur les salaires, ce n'est pas une décision purement technique, imposée par un réalisme (ou doit-on dire plutôt un cynisme, une résignation?). Cela constitue au contraire un choix politique, une décision idéologique réactionnaire prise au profit du patronat.
Parce que d'autres solutions, que vous feignez d'ignorer, existent :
Financer la retraite comme la protection sociale dans sa globalité est possible en prélevant sur les profits, les revenus des actionnaires, les salaires des hauts dirigeants des sociétés et groupes de notre pays. Ce sont des milliards d’euros de richesses crées par le travail qui sont détournés au profit d'une minorité. Il faudrait également mettre fin aux exonérations de cotisations sociales dont bénéficie le patronat, sans contrepartie pour la société. Parallèlement, une politique de progrès social incluant la revalorisation massive des salaires alimenterait la consommation intérieure, moteur de développement économique, générant également des recettes supplémentaires pour la protection sociale et la retraite. Le développement économique ainsi induit, avec l’exigence de création d’emplois stables et qualifiés, d’interdiction de licencier, permettrait d’abaisser le chômage et procurerait en partie les recettes nécessaires à la protection sociale. Toutes ces mesures, accompagnées par la taxation au même niveau que les cotisations des revenus financiers et de la spéculation boursière, résorberaient les besoins financiers nécessaires à maintenir et améliorer le droit à la retraite, au remboursement des frais de maladie pour les salariés.
Vous dites qu'il n'y a pas d'autre solution que la vôtre? Nous vous prouvons que des idées alternatives existent (et qu'il en existent bien d'autres !). Vous trouvez qu'elles sont discutables?...Et bien justement, discutons-en ! C'est ce que réclament un nombre croissant de concitoyens, c'est ce que réclame le peuple, tout simplement.
En vous mettant dans la position du professeur, ou plutôt du prêtre, qui doit enseigner UNE vérité à la masse ignorante, vous tournez le dos à notre tradition démocratique : le député est le représentant du peuple, dont il reçoit mandat, pas un chef que se donnent de loyaux sujets tous les 5 ans. Dire qu'il " faut faire preuve de pédagogie", qu'il y a " un problème de communication" ou que "les jeunes ne comprennent pas la réforme", c'est se mettre dans la position du maître qui parle à ses élèves. Un élu du peuple peut-il tenir un discours aussi méprisant et paternaliste vis à vis de ceux qu'il est censé représenter ?
Vous avez été élu en 2007 sur un programme qui ne dit rien d' une nécessaire réforme des retraites; M. SARKOZY avait d'ailleurs répondu peu après au MEDEF qu'il ne pouvait pas réformer notre système de retraite, puisqu'il n'en disait mot dans son programme électoral, puisqu'il n'avait tout simplement pas reçu mandat pour le faire. D'où quelques questions sur votre positionnement à l'Assemblée Nationale :
Sur quelle légitimité appuyez-vous exactement votre vote ?
Qui avez-vous consulté dans votre circonscription pour construire votre position, c'est à dire la position des citoyens de votre circonscription? En combien d'occasions ? Et pourquoi n'avoir pas interrogé les syndicats, représentants des travailleurs, à l'échelle locale ?
Avez-vous mis sur la table plusieurs solutions, en présentant honnêtement les avantages et les inconvénients de chacune, pour permettre aux citoyens de se prononcer en conscience et en toute connaissance de cause ?
En clair, comme tout citoyen est en droit de le réclamer de son représentant, avez-vous assuré dignement votre fonction de député ? Par quelles méthodes, plus précisément, avez-vous garanti une participation effective, démocratique de la population ?
Si les successions de mobilisations associant l’immense majorité des Français ne vous conduisent pas à envisager le dialogue, l’échange et le débat, vous ne pourrez vous étonner qu’au lendemain de la nouvelle journée de grèves et de manifestations du 19 octobre, une large majorité de nos concitoyens se déclare déterminée à continuer leur mouvement, même après le vote des sénateurs.
Dans l'attente de votre réponse que je ne manquerai pas de transmettre aux syndicats de notre territoire, je vous prie, Monsieur le Député-maire, d’accepter l’assurance de mes sincères et vigilantes salutations.
Pour l’union locale des syndicats CGT de Coulommiers
Patrick ARNOULD
Secrétaire de l’union locale de Coulommiers
( PS: nous ne manquerons pas de vous faire parvenir sa réponse éventuelle )