C'est avec douleur mais sans surprise que nous avons appris dimanche 2 décembre que la maladie contre laquelle notre camarade Daniel Dizazzo luttait avec tant de courage avait définitivement pris le dessus sur sa force de caractère.
Il est des messages que l’on aimerait jamais écrire. Relater une partie du parcours parmi les vivants d’un camarade, est Ô combien douloureux et les mots nous manquent pour exprimer notre peine. Ces quelques lignes écrites sur papier se veulent être un simple témoignage à cet homme libre, combattant infatigable. Toute sa vie fut consacrée au combat pour une société de justice, de liberté et de paix.
Nous nous retrouvons aujourd’hui pour rendre hommage à Daniel. L’homme, le militant, le camarade. Ce camarade de convictions, l’homme de combats, que nous avons eu l’honneur de côtoyer.
Militant et responsable politique, syndical, associatif, Daniel fut de bien des combats au long de toute sa vie. C’était toujours avec courage et détermination, une fidélité inébranlable à son engagement syndical que Daniel nous faisait savoir le fond de ses pensées avec toujours le soucis de vouloir préserver la crédibilité de notre organisation.
Mais laissez-moi vous relater ce que Daniel avait souhaité que je dise de sa vie de militant accompli :
Daniel nous vient de la région parisienne, de la Seine St Denis, de Bobigny plus exactement. Son parcours de syndicaliste a commencé dans les années 1960 dans le 11ème arrondissement de paris où il travaillait dans une entreprise de métallurgie, la « SARL CARABIN ».
Un jour, en emballant des pièces avec des journaux, il est tombé sur un article évoquant les congés payés des salariés qui avaient effectué leur service militaire en Algérie : l’article expliquait que les 18 mois passés en Algérie devaient être payés comme des congés. Dès lors, c’est tout naturellement que Daniel a revendiqué son droit. Pour se faire, Il s’est rendu à la Bourse du travail CGT « Rue du Château d’eau » et tout naturellement, on lui a proposé de se syndiquer. Son premier timbre a été pris à L’Union Locale de Bobigny. Depuis Daniel n’a jamais quitté notre organisation. Cela a fait 52 ans cette année qu’il lui est resté fidèle. Nous avions eu l’honneur de lui remettre la médaille de bronze de la CGT à l’occasion d’une fête en son honneur. Cette médaille il l’a portait sur lui lors de la levée du corps. C’est dire combien il était fier de militer à la CGT.
En 1968, Daniel a travaillé chez « MERCIER », un petit atelier de taillage d’engrenages toujours dans le 11è à Paris. Les 6 salariés se sont mis en grève une semaine, au moment des Accords de Grenelle. Cette action leur a permis d’obtenir 20% d’augmentation de salaire ! Daniel en était très fier.
En 1973, Daniel est venu s’installer avec sa petite famille, son épouse Monique et ses 3 enfants, François, Edith et Claude, en Seine et Marne. Il y a trouvé un emploi à Lizy-sur-Ourcq, chez « COMELLO », entreprise dans laquelle il a su rapidement créé un syndicat CGT avec le soutien de Daniel DOISELET.
En 1977, Daniel est devenu membre de l’Union Locale de Meaux, puis membre du bureau, en tant que trésorier en 1981. Dès 1974, Daniel a été attiré par l’activité juridique et c’est en 1979 qu’il a été élu au Conseil des Prud’hommes de Meaux comme Président de la section industrie, puis Président du Conseil des Prud’hommes de 1982 à 1987. Il a ensuite été régulièrement réélu dans la section industrie jusqu’à la fin de son mandat en 2008. Daniel a tenu de nombreuses permanences juridiques en compagnie de Nicolas ALVAREZ, docteur en droit, qui lui a beaucoup appris.
Mais sa carrière professionnelle s’est retrouvée bloquée et Daniel a connu le chômage jusqu’à sa préretraite. Malgré sa situation, c’est sur son temps libre qu’il a eu à cœur de défendre les salariés licenciés abusivement sur le secteur de Meaux. Il a défendu de nombreux dossiers et parmi-eux des dossiers sensibles dans lesquels les salariés licenciés subissaient l’arbitraire patronal là où les pouvoirs publics baissaient les bras.
Dans son village d’adoption, Signy-Signets, il était connu. Son implication dans la vie associative, avec ses amis, lui a valu de recevoir la médaille de bronze, puis la médaille d’argent de « La Jeunesse et des Sports ».
Daniel a aussi été élu Maire Adjoint aux élections municipales de 1995 et c’est à ce titre qu’il a eu le privilège et la fierté de marier son fils Claude et sa belle-fille Carmen.
Passionné de billard Français et très bon joueur du reste, il a aussi été le cofondateur du « Billard Club Fertois » à La Ferte-sous-Jouarre.
Son service militaire en Algérie, lui a valu la médaille commémorative des opérations en Afrique du Nord, la médaille européenne des Anciens Combattants ainsi que le Titre de reconnaissance de la Nation et la Croix du Combattant.
Son parcours professionnel a été récompensé par la médaille du travail d’argent puis de celle de vermeil, décorations méritées car il a tout connu au cours de sa longue carrière : les grèves, les occupations d’usine, les CRS, les expulsions, le tribunal et même… la déprime. Mais jamais Daniel ne s’est avoué vaincu !
C’est en 2003 qu’il nous a rejoint à l’Union locale CGT de Coulommiers.
Avec son épouse il a toujours participé aux luttes des salariés en grève sur notre secteur et bien au-delà. Il a souvent regretté de ne pas nous avoir rejoint plus tôt tant l’ambiance de solidarité, de fraternité dans les lutte et la convivialité qui règne parmi-nous lui était si chère. Daniel aura toujours été un fidèle camarade. Malheureusement, le mal incurable qui l’a frappé s’est déclaré à ses 60 ans, dés son entrée à la retraite. Opéré le 7 mai 1997, il avait tout lieu de penser que sa santé était stabilisée, mais c’était sans savoir que le mal l’aurait retrouver 12 ans plus tard.
Dés lors il nous avait dit que si un jour nous nous réunissions pour lui et qu’il n’était pas parmi-nous, c’est que « la fin, vous la connaitriez »
Nous sommes effectivement réuni aujourd’hui pour dire adieu à Daniel, L’homme libre, responsable et debout, qui nous a quitté. Il aura participé à bien des luttes pour le respect de la dignité humaine. L’homme, le militant, le camarade auquel nous rendons hommage aujourd’hui en même temps que nous voulons témoigner aux membres de sa famille, à ses proches, notre sympathie, l’homme, l’ami, le camarade, le citoyen que vous tous à des titres divers, avez côtoyé, vous avez pu au fil du temps mesuré sa force de caractère, sa force de conviction, sa force d’humanité mais aussi sa gentillesse. Son sourire et ses chants nous manqueront.
Ce militant CGT acharné, droit, fidèle et loyal, ne supportant pas les dérives était connu et apprécié par tous ceux qui savaient l’écouter, le comprendre. Il était, malgré la maladie, de toutes les batailles et actions engagées. Et s’il ne pouvait pas répondre présent nous savions alors qu’il n’était pas en forme.
Nous aimions sa présence. Nous perdons un camarade, mais comme il l’aurait souhaité nous allons poursuivre son combat contre l’injustice, qu’il haïssait tant.
Ce combat pour l’émancipation et contre les oppressions était son essentiel. Un combat que Daniel portait au plus profond de lui, avec cette sincérité et son franc parlé qui faisait de lui cet homme de caractère. Il avait, chevillé au corps, le fol orgueil légitime de penser que l’avenir du monde dépend de chacun. Nous partageons ces valeurs et ses dires. Aujourd’hui nous sommes orphelins. Mais sache Daniel que ce que tu as semé, nous allons continuer à le travailler, le moissonner pour nourrir ceux qui sont exploités aujourd’hui par le travail, où l’homme ne compte plus.
Que tes proches, tes amis, tes camarades soient assurés de notre affection et de notre solidarité. Nous savons quel manque va être ton absence pour ta famille ainsi que pour les combats qui furent les tiens et qu’il va falloir poursuivre sans toi. C’est au nom de tous les camarades de l’union locale CGT, de l’union départementale…, de la CGT que j’adresse à ton épouse Monique qui militait avec toi, t’accompagnait dans tes déplacements, te soutenait dans tes combats, à tes enfants et petits enfants dont-tu nous parlais ci souvent et que chérissais tant, à toute ta famille mes plus sincères condoléances. En ce jour nous voulons vous exprimer notre vive sympathie et vous dire à quel point nous sommes fiers d’avoir pu faire un bout de chemin avec Monsieur Daniel Dizazzo, notre compagnon de lutte, notre camarade.
Ta maison était toujours ouverte à tous tes camarades et amis et avec ton épouse Monique tu aimais à ce que nous nous retrouvions tous ensemble. C’est tous ensemble aujourd’hui que nous nous retrouvons pour te dire adieu. Adieu Daniel. Nous ne t'oublierons pas. Notre douleur est grande comme notre volonté de garder ta mémoire vivante.
Discours de Patrick ARNOULD, secrétaire de l’union locale CGT de Coulommiers à l’enterrement de Daniel Dizazzo âgé de 75 ans. Lundi 10 décembre 2010 à 14h heures cimetière de Signy-Signet (77)