Si le mouvement ouvrier et le peuple
ne se bouge pas plus que ça, la SECURITE SOCIALE C'EST FINI..
. Et reviendra alors ce que Croizat
appelait "la terrible angoisse du lendemain et la vieille
obsession de la misère"
Il est à craindre que les français ne
soient pas conscients de ce qu'ils sont en train de perdre avec les
attaques violentes contre la sécurité sociale.
Ce formidable projet de société,
imposé par le peuple français à la libération et qui, selon
Ambroise Croizat, le bâtisseur, devait « mettre fin à l'obsession
de la misère et aux incertitudes du lendemain" est aujourd’hui
en passe de s’effondrer sous les coups de boutoir du gouvernement
contre ce qui fait son fondement solidaire : la cotisation sociale.
Au fil des 70 ans qui nous séparent
de sa création, un continuum acharné de mesures de dégradation et
de plans de casse successifs n’a cessé de mettre à mal une
institution devenue pierre angulaire de notre identité sociale. Dès
sa conception en effet, droite, patrons, médecins libéraux,
lobbyings privés de tous ordres, ont peu à peu sapé les principes
fondateurs de l’institution.
A ces oppositions, un moment tues par
le rapport de force de l’époque, s’est ajoutée une avalanche de
réformes passant par les ordonnances gaulliennes de 1967 qui ont
fait basculer sa gestion dans les mains du patronat, les plans Barre
de 1980 libérant les honoraires, les mesures Fabius ouvrant aux
complémentaires santé la gestion de la protection sociale, l’impôt
CSG de Rocard l’étatisant progressivement. Viendront ensuite les
mesures Georgina Dufoix imposant forfait hospitalier et
déremboursements successifs, les lois Veil Balladur de 1993 à 1995
allongeant la durée de cotisation à 40 ans et accélérant la
fermeture des hôpitaux de proximité, les plans Chirac Raffarin
attentant aux retraites, les lois Jospin de 2001 imposant les règles
assurantielles et les normes européennes aux mutuelles. Sans oublier
les lois Douste Blazy de 2004 qui videront les conseils
d’administration de leurs pouvoirs en chapeautant la sécurité
sociale par la création de l’Uncam (Union national des caisses
d’assurances maladies) directement nommée par l’état.
N’oublions pas enfin l’instauration de la T2A (tarification à
l’activité) en 2005, les lois Bachelot de 2009 confiant la gestion
de la protection sociale aux « préfets sanitaires » des agences
régionales de santé. En imposant l’obligation de mutualité
d’entreprise, l’ANI 2013 (accord national interprofessionnel)
accélèrera un peu plus la voie de la privatisation.
Si la destruction affichée de la
cotisation sociale par le gouvernement Macron, n’est pas récente,
elle est aujourd’hui ouvertement frontale et délibérée. Le rêve
du patronat devenu une arme de gouvernement néo libéral. Il importe
de rappeler la quadruple peine qu’elle impose aux bénéficiaires.
Elle est tout d’abord une amputation directe du salaire dont la
cotisation est partie intégrante.
C’est un « salaire socialisé »
fondé sur les richesses créées dans l’entreprise. La seule
création de richesse qui va directement du cotisant vers le bien
être des gens afin de faire face aux aléas de la vie sans passer
par la poche des actionnaires. Si le salaire net c’est pour le
quotidien du mois, le salaire brut c’est pour la vie. La seconde
peine réside dans la destination même de cette « économie »
patronale.
Elle n’ira ni vers l’emploi, ni
l’investissement mais servira comme le gouvernement l’annonce à
« restaurer » ou à augmenter les marges patronales et à gonfler
les poches des actionnaires. (80% des profits patronaux terminent
leur course dans la poche des actionnaires). A cette atteinte aux
salaires, s’ajoute la troisième peine : la hausse de la CSG qui
alourdit la feuille d‘impôt et plus gravement encore fiscalise et
étatise un peu plus encore la sécurité sociale.
Depuis 1995 la part de la
fiscalisation dans le financement de la sécu est passé de 4, 9 à
28 % tandis que la part de la cotisation sociale tombe de 86,8 à
67,3 %.
Imagine-t-on ce que pourrait devenir
une sécurité sociale entièrement abandonnée aux mains de l’état
? Une seule loi ou ordonnance à l’image de ce qu’a vécu
l’Espagne pourrait engendrer coupes sombres ou pire privatisation
immédiate.
La quatrième peine est encore plus
lourde. Par la fin du grand principe de solidarité, la mort de la
cotisation sociale n’est rien d‘autre que la mort de la sécurité
sociale..
Une coquille vide prête à être
livrée au privé, aux assurances santé inégalitaires et coûteuses.
La fin du droit de vivre dignement…
Michel ETIEVENT