Les inégalités hommes-femmes se creusent en haut de la hiérarchie
L'écart moyen des salaires entre hommes et femmes s'élève à 3,75 % dans les start-up françaises. Il atteint 10,4 % pour les postes de direction.
Sur le plan de l'égalité hommes-femmes, les acteurs de la French Tech ne sont pas exemplaires. D'après une étude de la plateforme d'agrégation de données salariales Figures en exclusivité pour « Les Echos », l'écart salarial moyen entre hommes et femmes dans l'écosystème français s'élève à 24,8 %, soit 2,5 points de plus que la moyenne nationale.
En soustrayant le facteur de sous-représentation dans certaines familles de métiers (comme le développement logiciel) et les activités à temps partiel - qui concernent davantage les femmes - ce chiffre tombe à 3,75 %, contre 9 % au niveau national. Comprendre : à poste égal, secteur équivalent et niveau d'étude équivalent, les hommes qui travaillent dans une start-up française gagnent 3,75 % de plus que les femmes. Cet écart moyen n'est pas le même en fonction du niveau hiérarchique. Il s'élève à 2,07 % pour un poste de junior, à 3,86 % pour un poste de manager et à 10,37 % pour un poste de direction (DRH, DAF, directeur marketing…).
Des écarts dans presque tous les métiers
A titre de comparaison, d'après le bilan annuel de l'Apec, l'écart de salaires chez les cadres s'élève 8 % à poste équivalent. « Plus le niveau de séniorité est élevé, plus le salaire est individualisé, ce qui implique plus de négociations. Et en général, les hommes négocient mieux leurs salaires », estime Virgile Raingeard, patron de Figures. Plus largement, presque toutes les familles de métiers sont concernées par ces écarts salariaux. Les femmes qui travaillent dans le département commercial d'une start-up gagnent en moyenne 4,51 % de moins qu'un homme. C'est 4,34 % pour le département RH et « seulement » 2,72 % pour la tech.
En revanche, les femmes perçoivent des salaires plus élevés que leurs homologues masculins dans les services administratifs (+ 7,2 %) et création (+4 %) des start-up françaises. « Il y a un effet structurel. Il y a beaucoup de femmes dans les métiers les moins bien payées et peu dans les métiers les mieux payés », souligne Virgile Raingeard.
La French Tech est soumise à des obligations en matière d'égalité hommes-femmes. La loi du 5 septembre 2018 oblige les entreprises de 50 salariés au moins à publier un index d'égalité professionnelle entre hommes et femmes dont un des indicateurs est l'écart de rémunération. Lorsqu'une entreprise obtient une note inférieure à 75/100, elle doit mettre en œuvre des mesures correctrices. A partir de 2023, les start-up faisant partie des deux indices phares du secteur, le Next40 et le FT120, devront publier leur index d'égalité professionnelle.
La mission French Tech a créé en début d'année une charte pour plus de parité chez les start-up, qui comprend notamment l'instauration d'un quota de 20 % de femmes au sein des conseils d'administration des start-up d'ici à trois ans et 40 % d'ici à 2028. « Il y a une volonté d'améliorer la situation. Nous avons de plus en plus de clients qui utilisent maintenant Figures pour corriger l'écart salarial », indique Virgile Raingeard.