(Info : AFP)
Les syndicats ne mâchent pas leurs mots
PARIS — La CGT, FO et la CFE-CGC ont dénoncé vendredi la proposition de Nicolas Sarkozy de soumettre à référendum une réforme durcissant les conditions d'indemnisation des chômeurs, l'organisation patronale CGPME jugeant pour sa part "peu réaliste" la faisabilité du nouveau système proposé.
Avec cette annonce, il veut "diviser le pays", "livrer en pâture les chômeurs" pour "détourner les regards sur les vraies raisons de la crise", juge Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, premier syndicat français.
"Avec ce genre d'annonce, on est dans le gadget pré-électoral", avance-t-il.
Pour la CFE-CGC, l'idée d'un référendum traduit "une volonté simplificatrice, réductrice pour traiter de problèmes complexes".
Syndicats et patronat travaillent "d'arrache-pied tout au long de l'année" avec l'Etat et les pouvoirs publics et "ce type d'annonces est assez méprisante vis-à-vis des partenaires sociaux", regrette le leader du syndicat des cadres, Bernard Van Craeynest.
Dans une interview à paraître samedi dans le Figaro magazine, Nicolas Sarkozy propose d'obliger les chômeurs à se former aux métiers en tension et accepter "la première offre d?emploi correspondant au métier pour lequel il aura été formé".
Une réforme, qui, si elle n'est pas validée par les acteurs sociaux, fera "sans doute" l'objet d'un référendum, explique le chef de l'Etat, toujours pas officiellement candidat.
"Sarkozy continue à stigmatiser les plus démunis", estime de son côté la CGT chômeurs.
"Vouloir exiger que les chômeurs acceptent, à l'issue d'une formation, la première proposition qui leur sera faite, c'est les rendre responsables de leur situation et c'est inacceptable", estime pour sa part Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière.
Même la CGPME juge la proposition "peu réaliste".
"Il convient de souligner que tout demandeur d'emploi est aujourd'hui, en théorie, tenu d'accepter une deuxième offre raisonnable d'emploi et qu'à défaut, il s'expose à être radié", indique la Confédération générale des petites et moyennes entreprises.
"Mais, dans la réalité, cette mesure est peu appliquée en raison notamment des difficultés d'interprétation de la définition d'une offre raisonnable d'emploi, "il paraît donc peu réaliste d'envisager que le chômeur soit tenu d'accepter la première offre d'emploi", prévient la CGPME.
La principale organisation patronale, le Medef, n'avait pour sa part toujours pas réagi vendredi après-midi.