Info : CGT PSA, d'Aulnay-sous-bois,
Au lendemain d’un meeting du 22 mars contre la désindustrialisation avec Bernard Thibault devant leur usine, les ouvriers de PSA Aulnay-sous-Bois continuent la lutte en demandant des comptes au gouvernement et à leur direction pour qu’ils s’engagent sur le maintien des 3300 emplois.
« Certains avaient l’impression que nos actions ne payaient pas jusqu’à maintenant, mais en arrachant cette réunion, on a montré qu’on avait enclenché la machine ». Entouré d’environ quatre cents salariés de PSA, devant le ministère de l’Industrie ce vendredi 23 mars au matin, le délégué CGT Jean-Pierre Mercier apprécie l’impact de la pression mise sur le gouvernement, contraint de recevoir pour la première fois, au bout de neuf mois de lutte, une délégation de salariés de l’usine d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et de mettre la direction de Peugeot Citroën face à ses responsabilités.
Une note interne de la direction de PSA, révélée par la CGT en juin dernier, avait mis en lumière des projets de fermeture pour l’usine d’Aulnay d’ici 2014, ainsi que pour les sites de Madrid et de Sevelnord. Depuis, grâce à la mobilisation des salariés, aidée par la période préélectorale, des garanties sur le maintien de l’activité ont été apportées au site de Sevelnord (Nord), mais en ce qui concerne l’avenir d’Aulnay, la direction semblait surtout vouloir jouer la montre pour faire passer un plan de licenciements après les élections présidentielles.
Au sortir de cette réunion avec le ministère de l’Industrie, le délégué CGT confiait avoir obtenu l’organisation d’une réunion tripartite syndicats – gouvernement – patronat, en présence d’élus locaux d’ici le 6 avril. Une « petite victoire », d’après Jean-Pierre Mercier. « Il faudra que la direction s’engage à ce moment-là par écrit sur le maintien des emplois et la construction d’un nouveau véhicule », déclare le délégué CGT, la direction n’ayant jusqu’ici pas prévu de confier de nouveau modèle à l’usine d’Aulnay après la Citroën C3. Au lendemain d’un meeting, avec le secrétaire générale de la CGT Bernard Thibault devant les grilles de l’usine, devenue l’un des symboles de la désindustrialisation, le combat des salariés du constructeur automobile gagne en force de jour en jour.
C'est en menaçant d'aller se rassembler devant le QG de N. Sarkozy, que le gouvernement a reculé en organisant cette réunion ce 23 mars au Ministère de l'Industrie. Et c'est en se rassemblant à près de 400, que les salariés ont obtenu la tenue avant le 6 avril d'une réunion où participeront le Gouvernement, PSA et les syndicats de PSA Aulnay.
Même le syndicat indépendant automobile (SIA), habituellement peu revendicatif, était présent ce matin aux côtés de la CGT et de la CFDT pour faire entendre leurs exigences au ministre de l’Industrie. « Ce sont nos emplois qui sont en jeu », insiste Tanja Sussest, déléguée SIA. Une urgence que l’ensemble des syndicats ne semble pas encore percevoir, FO et la CFTC ayant choisi de ne pas appeler à la mobilisation. « PSA commence déjà à vider l’usine : une ligne de montage a été arrêtée, les bureaux se vident un à un, les cadres et techniciens méthode commencent à partir, des mutations sont proposées pour Poissy ou Sochaux…et malgré ça, certains salariés refusent de voir que l’usine va fermer ! », s’indigne Mabrouk Rachid, opérateur à Aulnay et syndiqué CGT, qui déplore la crédulité d’une bonne partie de ses collègues quant aux visées de la direction.
En soutien aux salariés d’Aulnay, mais aussi inquiets pour leur propre avenir, des ouvriers des sites de Poissy, de Saint-Ouen et même de Charleville-Mézières (Ardennes) ont envoyé des délégations. « On ne peut pas faire autrement qu’être solidaires par rapport à la casse des emplois. Nous-mêmes, on n’est pas à l’abri : on perd de l’effectif au fil des années, avec des plans de départs volontaires. Là, ils ont commencé par faire partir les gens qui ont des incapacités et par réduire les effectifs d’intérimaires », décrit François Cazeaux, délégué CGT à l’usine de Charleville.
Pour la CGT, ce succès est important car il démontre que c'est uniquement par des actions collectives que les salariés peuvent peser sur le Gouvernement et la direction de PSA.
Il a été décidé par les syndicats qui ont été reçu ce matin, que des actions sont déjà programmées si jamais le Ministère ne tenait pas son engagement et si il ne sortait rien de cette future réunion.
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