ILS N’ONT PAS HONTE : France 2 et l’« expert » de l’antisyndicalisme
Voilà qui commence mal. Pour évoquer les violences du 1er Mai contre la CGT dans la manifestation parisienne, ce dimanche soir, le JT de France 2 ouvre son sujet sur le recul des effectifs de la centrale ces dernières décennies. On voit mal le rapport ; le phénomène touche toutes les organisations syndicales, il est étroitement lié à la désindustrialisation, à l’atomisation des collectifs de travail, à l’envolée du chômage et de la précarité, mais de cela on ne saura rien. Vient ensuite l’incontournable « expert ». Un certain Bernard Vivier, habitué des plateaux télé, directeur d’un brumeux « Institut supérieur du travail » (IST). Lequel insiste sur« la mauvaise réputation »de la CGT. L’homme n’a rien d’un observateur impartial.
Ce catholique fondamentaliste, ancien dirigeant de la CFTC, qui siège au Conseil économique, social et environnemental, fut candidat suppléant apparenté Front National en 1978 dans le Puy-de-Dôme. Quant à l’institut qu’il dirige, il a été fondé en 1969 par Guy Lemonnier, alias Claude Harmel, un collaborationniste proche de Marcel Déat, arrêté à la Libération, révoqué de l’enseignement, condamné en mai 1947 à quatre années de prison et à la dégradation nationale à vie, avant son amnistie en 1951
. Dans son livre les Valets de la guerre froide. Comment la République a recyclé les collabos, Frédéric Charpier reconstitue la genèse de cette« officine patronale »créée au lendemain de mai 1968 et du vote de la loi sur la reconnaissance des sections syndicales, à la demande de Pierre Jouven, le PDG de Pechiney, pour former les cadres à l’action antisyndicale. Au passage l’affaire est juteuse, avec l’argent de la formation professionnelle qui coule alors à flots. Parmi les clients de l’IST figureront les fleurons de l’industrie française, et de jeunes nervis d’Occident, comme Alain Madelin, s’y recycleront. À défaut d’objectivité, France 2 serait bien inspirée de dire d’où parlent les « experts » dont elle sollicite l’avis.