De quoi le CAC40 est-il le nom ?
Fallait-il en rajouter ? Le CAC40 n’a-t-il pas suffisamment mauvaise presse comme ça ?
Le 8 novembre dernier, nous avons publié l’édition 2022 de CAC40 : le véritable bilan annuel. Une radiographie complète, chiffres à l’appui, des grandes entreprises françaises.
Nous y rappelons les records de profits, de dividendes et rachats d’actions, et de rémunérations patronales que nos chers champions nationaux ont battu cette année, sur fond de crise ukrainienne et d’inflation. Nous y détaillons aussi leur bilan bien moins reluisant en matière d’emploi, de salaires ou encore d’écologie (davantage sur ce dernier point ci-dessous).
Cette édition de CAC40 : le véritable bilan annuel est aussi une réflexion sur les liens de plus en plus distendus, conflictuels et problématiques entre les entreprises du CAC40 et « la France ». De qui et de quoi exactement le CAC40 est-il le symbole et l’incarnation ? Qu’apporte-t-il effectivement à la France ? La question vaut plus que jamais d’être posée. Pour un peu de contexte, on se reportera à l’introduction de notre « vrai bilan », disponible ici : De quoi le CAC40 est-il le nom ?
CAC40 et climat : un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout
À l’occasion de la COP27 en Égypte, nous nous sommes attardés en particulier sur le comportement du CAC40 en matière de climat.
Les grandes entreprises françaises parlent beaucoup de leur engagement dans ce domaine, mais que disent les chiffres qu’elles rendent publics ?
D’abord, que le Covid a entraîné une baisse sensible des émissions du CAC40 en 2020, mais que celles-ci sont reparties à la hausse en 2021. Cette baisse s’explique essentiellement par la réduction du trafic aérien - affectant les émissions déclarées par les groupes qui construisent des avions, et dans une moindre mesure tous ceux qui ont dû réduire leurs voyages d’affaires. (Au passage, cela confirme que le transport aérien est bien un enjeu climatique central.)
Ensuite, que plusieurs des gros pollueurs du CAC40 ont continué à augmenter leurs émissions en 2020 et en 2021 en dépit de la baisse d’activité liée à la pandémie.
Enfin, et peut-être surtout, que sept ans après l’Accord de Paris, beaucoup de groupes du CAC40 ne sont toujours pas transparents sur leur véritable impact climatique. Ce ne sont pas les moindres : les banques (sauf le Crédit agricole) ne publient aucun chiffre sur les émissions occasionnées par leurs financements, Carrefour ne publie pas de chiffres sur sa chaîne d’approvisionnement, Stellantis n’est apparemment pas capable de publier une évaluation complète de ses émissions. Quant à TotalEnergies, ses émissions déclarées seraient sous-évaluées par un facteur de 4, selon les calculs de Greenpeace France.
Voir nos explications : Climat et émissions de CO2 : où en est vraiment le CAC40 ?
Parmi les questions qui ont occupé le devant de la scène durant la COP27, la fin des énergies fossiles a occupé une place de choix. L’enjeu a été une nouvelle fois évacué du texte issu des négociations. C’est le signe de l’influence politique du secteur pétrolier et gazier, mais aussi des soutiens dont il continue à bénéficier dans le reste du monde économique.
Nous en faisons la démonstration à propos du CAC40 en montrant que virtuellement toutes les entreprises de l’indice parisien ont des liens à la fois économiques et personnels (au niveau des dirigeants) avec TotalEnergies ou d’autres entreprises d’énergies fossiles. Cette analyse est à lire ici : Climat et émissions de CO2 : où en est vraiment le CAC40 ?