FLORANGE — Les syndicats ont mobilisé leurs troupes vendredi contre la fermeture, qu'ils craignent définitive, du deuxième haut fourneau de l'usine française d'ArcelorMittal à Florange (Moselle) alors que pour la direction, celle-ci n'est que "conjoncturelle et temporaire".
A l'appel d'une intersyndicale CGT-CFDT-FO-CFE/CGC, quelque 500 sidérurgistes (entre 200 et 300, selon la police) se sont rassemblés en début d'après-midi sur un passage à niveau menant à l'usine où ils ont été rejoints par plusieurs élus, nationaux et locaux, des partis socialiste et communiste.
Lors des prises de parole, les représentants syndicaux ont notamment exigé du gouvernement la constitution d'une commission d'enquête parlementaire sur la situation de la sidérurgie en France et en Europe.
"ArcelorMittal, qui a réalisé 2,5 milliards d'euros de bénéfices au premier semestre de l'exercice en cours, condamne Florange (...) pour faire un maximum de profits", a affirmé Edouard Martin, délégué CFDT au comité central d'entreprise du n°1 mondial de la sidérurgie.
"La fermeture du (haut fourneau) P6 constitue l'arrêt de mort de la filière liquide en Lorraine et va détruire quelque 2.000 emplois: un millier sur les 3.000 du site, 400 emplois intérimaires et plusieurs centaines de postes de sous-traitance", a-t-il poursuivi.
Peu auparavant, le directeur de l'usine mosellane, Thierry Renaudin, avait affirmé que la "mise en veille" du P6 était "conjoncturelle, temporaire et provisoire". La veille à Paris, ArcelorMittal avait annoncé la fermeture à compter du 3 octobre et pour une durée indéterminée du dernier de ses hauts fourneaux encore en activité en Lorraine.
"Cette mise en veille a été rendue nécessaire par un ralentissement saisonnier de la demande et nous redémarrerons lorsque nous aurons reçu les signaux adéquats du marché", avait-il précisé.
"Nous maintiendrons sur place les compétences-clés pour assurer un redémarrage rapide", avait-il assuré en ajoutant que quelque 500 salariés du site ainsi qu'un "certain nombre d'entreprises sous-traitantes" étaient concernés par l'arrêt.
Le ministre de l'Industrie Eric Besson a fait savoir qu'il allait recevoir "dans les prochains jours les représentants de la société, afin de s'assurer que toutes les mesures techniques sont prises pour pouvoir redémarrer le site dès que possible".
Pour le secrétaire de la section CGT d'ArcelorMittal Florange, Yves Fabbri, "si ArcelorMittal ne se décide pas à remettre rapidement à niveau le site de Florange, il s'agit de la fin de la filière liquide en Lorraine".
"La fermeture du P6 constitue une catastrophe sociale, financière et industrielle", a estimé François Pagano, délégué CFE-CGC au CE. "Cette décision remet en cause le projet ULCOS de captage de CO2 sur le site qui représente un investissement de 500-600 millions d'euros", a-t-il ajouté.
"Nous restons engagés dans ce projet", lui a répondu M. Renaudin. "Tous les investissements à l'étude pour Florange sont instruits dans le cadre de ce projet", a-t-il souligné.
Pour Michel Liebgott, député (PS) de Florange et président du groupe d'études sidérurgie à l'Assemblée nationale, "ArcelorMittal pratique le chantage". Selon lui, le groupe est en train de dire à l'Union européenne +Financez ULCOS et je maintiens la filière liquide à Florange+".
Martine Aubry, candidate à la primaire PS pour la présidentielle de 2012, a appelé Nicolas Sarkozy "à en finir avec les gesticulations et les promesses sans lendemain et à agir enfin pour la sauvegarde de nos usines et nos emplois".
Mise en service en 1948, l'aciérie de Florange est un site intégré transformant chaque année quelque 3 millions de tonnes d'acier en fonte, fer blanc et tôles revêtues pour l'automobile, la construction et l'emballage.