À la SAM, fin de l'activité mais pas de la lutte
Le tribunal de commerce a prononcé la fin de l'activité de la fonderie aveyronnaise. Pour le personnel, cette décision est politique et Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, parle de « scandale d'État ». Reportage.
Ce vendredi matin le tribunal de commerce de Toulouse, dans un délibéré, a décidé de mettre fin à la poursuite de l'activité de la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM), en liquidation judiciaire depuis septembre. C'est un nouveau mauvais coup porté à la fonderie de Viviez qui, mardi, avait déjà vu Renault refuser d'accompagner le seul plan de reprise de son sous-traitant. Jamais la situation de la SAM n'avait été aussi critique. Pour autant, il est à prévoir que les 350 salariés et toute la population du bassin de Decazeville, qui ont montré toute leur combativité pour la survie du principal employeur privé du territoire, ne baissent pas les bras.
Pour les métallos de la SAM, des décisions politiques ont jusqu'à présent condamné la fonderie, seules des décisions politiques pourront la sauver. Cette fin immédiate de l'activité aurait-elle pu être décidée par le tribunal de commerce sans l'aval des pouvoirs publics ? Comment expliquer que la députée macroniste, Anne Blanc, ait surtout brillé par son absence dans ce dossier ? Elle est pourtant l'élue de la circonscription et siège à la commission des affaires économiques à l'Assemblée nationale.
«Petit arrangement entre voyous»
Jeudi soir, à la veille du délibéré du tribunal de commerce, attendu avec inquiétude, s'est tenu un rassemblement très offensif à Viviez, sur le site de la SAM. Devant deux mille cinq cents personnes, Philippe Martinez a rappelé que l'État est le premier actionnaire de Renault. Pour le secrétaire général de la CGT, il est incompréhensible que le gouvernement, qui prétend réindustrialiser le pays, ne se fasse pas obéir du constructeur automobile. « Qui est président de la République ? Le patron de Renault ? », interroge Philippe Martinez. Pour le responsable syndical, « c'est un scandale d'État ».
Selon Philippe Martinez, le fond de l'affaire est que Renault s'est arrangé avec le groupe espagnol CIE, autre équipementier automobile, pour développer en Roumanie les productions jusqu'ici réalisées à Viviez : « C'est un petit arrangement entre voyous ! »
Le rassemblement de jeudi soir avait pour but d'exprimer toute la solidarité du bassin de Decazeville autour de la SAM et aussi de peser sur les décisions. Pour les SAMistes et la CGT, seul syndicat présent dans l'entreprise, le gouvernement doit intervenir auprès de Renault pour que le constructeur automobile respecte ses engagements et accompagne la fonderie jusqu'en mars 2022. Ce qui laisserait du temps pour chercher un repreneur.
Jeudi soir, Pascal Mazet, conseiller régional PCF, a assuré que « la région Occitanie est aux côtés du personnel de la SAM et continuera à travailler pour donner un avenir à notre territoire ». Carole Delga, présidente de la région Occitanie, se rendra à Viviez lundi et rencontrera le personnel de la SAM et les élus locaux. Avec l'intention que « des projets industriels d'avenir voient le jour ».
À l'annonce du délibéré, le personnel de la SAM a décidé ce vendredi matin en assemblée générale « le blocage à durée indéterminée de l'usine ». Des barricades pourraient même être dressées.